Dalla Zuanna - Les enfants de la Jeanne
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La Vénétie : approche géographique

"Le passé est une banque de données dans laquelle on peut puiser pour construire l'avenir."

Quelques points de repère paraissent indispensables à qui veut essayer de comprendre la vie des habitants d'une région, tant il est vrai que le relief, la nature des sols et le climat qui s'y rattachent vont forger le caractère des gens et, par voie de conséquence, influencer fortement les orientations historiques. Comme nous le démontre bien Jared Diamond, dans son livre "De l'inégalité parmi les sociétés", c'est la clef de la géographie qui ouvre la porte de l'Histoire.

La Vénétie est bordée au Nord par les Alpes, à l'Est par le Frioul et l'Adriatique, à l'Ouest par la Lombardie et au Sud par la vallée du Pô.

Les principales villes sont : Venise, Vérone, Vicenza, Padoue, Trévise, Belluno et Bassano.

Quatre fleuves descendent des Alpes et marquent son territoire puis se jettent dans l'Adriatique ; d'Est en Ouest : le Piave, le Brenta, l'Adige et, au Sud, le Pô. Ils arrivent tous dans un delta de 60 km.

Le relief est diversifié et comprend la grande plaine alluviale du Pô au sud et, au Nord, le massif alpin avec notamment les Dolomites. Par voie naturelle de conséquence, la nature des sols, l'altitude, etc... conduisent à des conditions de vie très variées, tout particulièrement dans les temps anciens où l'agriculture représentait l'essentiel de l'activité et ce, pratiquement jusqu'au XX ème siècle. Comme nous nous intéresserons plus aux temps anciens qu'aux temps modernes, la géographie prend toute son importance avec le rôle primordial des fleuves, entre autres, ainsi que du climat.

 

La Vénétie

 

L'exploitation forestière a été, durant plusieurs siècles, le moteur de l'économie dans la vallée et, par voie de conséquence, les fleuves ont joué un rôle très important pour le transport mais également pour l'énergie indispensable à la transformation.

Deux phénomènes géographiques majeurs vont marquer l'Histoire et la vie des hommes dans cette région d'Europe. La mer Adriatique qui va permettre le prodigieux essor de Venise et marquera de sa présence "volens nolens" toute la région d'une part, et d'autre part, le fait qu'il s'agit d'une région frontière avec les très puissants voisins du Nord des Alpes.

C'est bien entendu la vallée du Brenta qui va retenir toute notre attention car c'est là que se situe le berceau de la famille des enfants de la Jeanne. Ce fleuve qui trouve son origine dans le lac de Caldonazzo à quelques kilomètres de Trento avant de rejoindre la grande plaine, est divisé en deux parties bien distinctes. La partie supérieure, la Valsugana, et en aval ce qu'on a longtemps appelé le canal Brenta. Autant la première partie est assez large et riante, autant le canal Brenta est étroit et plus austère, quoique très beau. Trento marque le début de la vallée et Bassano, l'ouverture sur la plaine. La séparation est marquée entre Primolano et Cismon où arrive la rivière du même nom qui vient alimenter le Brenta.

Le point le plus resserré se situe là où fut édifié, dans une grotte qui surplombe la vallée, le château fort du Covolo de Butiston qui jouera un grand rôle stratégique pour l'histoire de la vallée.

La distance qui sépare Trento de Bassano est d'environ 80 km. Le Brenta poursuit ensuite son cours, va border Padoue et se jeter dans l'Adriatique au sud de Venise à Chioggia. Mais, durant de nombreux siècles, il arrivait via Padoue directement dans la lagune et il reste toujours ce bras qui s'appelle "riviera del Brenta" ou "Prealto", voie de navigation et de construction des riches villas vénitiennes (par exemple : "La Malcontenta").

 

 

Le fleuve, c'est l'autoroute des temps anciens, et cela permettait, entre autres, sur des radeaux ou par flottaison, de transporter toutes sortes de marchandises et principalement le bois nécessaire à Padoue et surtout à Venise pour les pieux, la construction des maisons et des bateaux, toutes choses fondamentales pour le développement de la Cité-Etat. Chênes, mélèzes, châtaigniers, acacias... tous les bois trouvaient leur emploi. On découvre par exemple le col des rames (dei remi) près de Valstagna, qui situe l'importance de ce propos.

C'est à Padoue qu'était assurée la gestion du trafic sur le Brenta entre Venise et l'Allemagne mais c'était la corporation des boari qui garantissait le bon fonctionnement du système. Il fallait, en effet, limiter les chargements et déchargements successifs. Là encore, le Fondaco dei Tedeschi à Venise dit toute l'importance de ce trafic.

Les villes portuaires y trouvaient donc un bénéfice économique important comme Valstagna. Les ponts jouaient un rôle majeur : carrefours où se situaient les marchés avec des règles strictes comme à Bassano, par exemple, où on ne pouvait franchir le pont qu'avec des marchandises achetées sur place. C'était également des lieux de rencontre entre concurrents, ennemis, des points de péage...

Mais le Brenta jouait en plus le rôle de double frontière. Frontière entre le nord et le sud, soit entre l'Empire Austro-Hongrois et Venise au Covolo di Butiston où, notamment, sera même tendue une chaîne en travers du fleuve. Frontière également entre la rive droite et la rive gauche, car, au cours de l'histoire, ces territoires seront sous différentes dominations (complète ou partielle) : Arimani et Bysantins, Padoue et Vicenza, Lombardie et Vénétie, etc...

 

S'élever pour mieux voir, prendre du recul pour mieux comprendre,
voilà qui est bien illustré par cette photo.
Cette vue de la vallée par satellite montre l'importance du relief.

la vallée du Brenta

 

Une autre illustration du rôle stratégique du fleuve nous est donnée par Gian Galeazzo Visconti qui, en lutte contre Padoue, avait lancé le projet de modifier le cours du fleuve vers Bassano afin de le détourner de Padoue. Le projet était pratiquement mené à son terme lorsque qu'une crue soudaine, très violente, détruisit une des sept piles de l'ouvrage. Gian Galeazzo Visconti mourut peu après (en 1402) de la peste, ce qui mit un point final à cette aventure.

Source de richesse, comme on l'a vu, le Brenta était, et reste, une source de loisirs (Valstagna est connue aujourd'hui pour son parcours de canoë-kayak et compte quelques grands champions). Il comptait également pour la nourriture mais était, par ailleurs, à l'origine de difficultés avec des changements de cours qui généraient des conflits entre les riverains. Les problèmes plus graves venaient des crues impétueuses et violentes qui détruisaient tout sur leur passage devant des riverains impuissants (les Brentane).

le Brenta

 

Avec le temps, les habitants utilisèrent de plus en plus cette force motrice pour créer diverses activités économiques dans la vallée. Là encore, il fallut règlementer et organiser afin que les dérivations canalisées ne perturbent pas trop l'important trafic fluvial. Ce fut d'ailleurs une source considérable de conflits entre les différents "usufruitiers" du fleuve.

A noter que la route qui longe le Brenta sera successivement nommée : via Regia, dell'Allemagna, della Posta, dell'Impero, des armées et du val Brenta, c'est dire son importance stratégique.

 

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